Aujourd'hui nous vous présentons le lauréat du mois de juillet, Olivier Corsan, grand reporter au journal Le Parisien. Tout comme le mois de juin, juillet n'aura primé qu'une seule photographie, les deux catégories ayant été fusionnées pour les mêmes raisons que le mois précédent : un manque évident de compétitions sportives, pour constituer une catégorie sport à part entière.
Avec ce cliché capturé pendant les incendies qui ont dévasté la Gironde, Olivier Corsan s'est hissé sur la première marche du concours PhotoPQR. Nous avons eu envie de lui demander, de nous parler des conditions extrèmes dans lesquelles un photographe doit exercer son métier, et voici sa réponse :
Une nuit avec les pompiers en Gironde : Making-of
"Dans le secteur de Landiras, en Gironde, où les hectares de pins partent en fumée depuis une semaine, les villages ont été évacués et les routes fermées. Les gendarmes ont verrouillé tous les accès pour protéger la population, éviter les curieux, sauvegarder les preuves, car l’incendie peut être d’origine criminel, et permettre aux soldats du feu d’agir sereinement. Sur de tels évènements, la presse ne peut travailler sans l’appui des sapeurs-pompiers, pour des raisons évidentes de sécurité bien sûr mais aussi pour des raisons de logistique et d’efficacité car la situation évolue de quart d’heure en quart d’heure. Le feu est le danger premier et peut en une fraction de seconde vous prendre à revers, pendant que la fumée, l’autre péril, peut sans vous prévenir fondre sur vous, vous faire perdre tout repère et vous intoxiquer. Quand on monte dans le 4x4 des sapeurs-pompiers pour se rendre sur un incendie de cette ampleur, il ne faut pas oublier sa bouteille d’eau, prévoir de bonnes chaussures de randonnée, une tenue tout terrain mais pas trop chaude car la température y est accablante surtout lorsque l’on prend un peu de hauteur en montant sur un camion pour avoir un peu de perspective et surtout bien entendre les consignes chaque fois répétées par l’officier de communication qui vous accompagne : « On reste groupé ! Je dois toujours vous avoir en visu ! Vous ne dépassez pas les limites que je vous donne ! Si cela camphre, on retourne aux voitures sur un simple signal de ma part ! ».
Au retour dans le 4x4, on sent bon la sueur fumée de son voisin qui profite aussi de votre nouveau parfum. La douche du soir est alors le meilleur moment de journée.
Tout est fait pour que la presse puisse faire des images sans être directement au contact du feu, aidée par les téléobjectifs qui permettent de photographier à distance sans gêner les pompiers. Robert Capa disait que quand une photo n’est pas assez bonne c’est qu’elle n’a pas été prise d’assez près. Dans la Gironde en feu, près de Landiras, cela dépend."
Olivier Corsan, né en 1968, vit et travaille à Paris. Il débute sa carrière de photo-reporter en 1994 au Figaro, puis la poursuit au Parisien depuis 1997 où il couvre l’actualité française et internationale (Tsunami, émeutes urbaines 2005, Tour de France, Roland Garros, élections présidentielles, printemps arabes, guerre en Ukraine…). Diffusé par l’agence Maxppp, ses reportages ont été publiés dans de nombreux titres de presse (Libération, Paris-Match, l’Express, News-Week, Financial Times, Der Spiegel…). Depuis 2006, il organise Photoclubbing, le mois palaisien de la photo, avec le photo-club où il a fait ses premiers pas de photographe. Il poursuit en parallèle de son métier de photo-reporter un travail d’auteur tourné entre autres vers le littoral français et méditerranéen, les ambiances urbaines et les signaux faibles sociétaux. Certaines de ses photographies ont été présentées dans divers festivals comme Visa pour l’Image à Perpignan, le Mois de la Photo à Paris, l’Œil Urbain à Corbeil-Essonnes. Lauréat du Prix Sosno-Canon 2007 (meilleure photo de presse quotidienne régionale 2006). En 2022, il est nommé grand reporter.
Crédits photos 📸 Olivier Corsan / Le Parisien /Maxppp
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